Jambes d'une danseuse de French Cancan

French Cancan : histoire et origines

Que vous soyez connaisseurs ou non, le French Cancan résonne à vos oreilles comme une danse mythique, symbole de fierté pour la France à l’international. Danse en vogue dans les cabarets de Montmartre vers le début du XXe siècle, de nombreux music-halls et cabarets de province continuent de rendre honneur à cette spécialité bien française.
Plongez avec nous au XIXe siècle dans les pas du French Cancan.

D’où vient le French cancan ?

Le “cancan” ou le “chahut” : des danses subversives

Dans les années 1820, au milieu de la quadrille (chorégraphie très codifiée et dansée par quatre couples de danseurs), apparaît une minute d’improvisation : le “cavalier seul”. Le but ? Effectuer des mouvements chaotiques, presque cathartiques. Au départ réservée aux hommes, les femmes vont rapidement se mettre, elles aussi, à danser seules à partir de 1829. Le puritanisme ambiant condamne sans aucune réserve ce mouvement qui choque les bonnes mœurs.
Moyen d’expression subversif, cette danse que l’on dénomme “chahut” ou “cancan” <dès 1831 (1), constitue un symbole de liberté et d’émancipation pour les femmes. Au-delà, la démarche “s’oppose à l’autorité des savoirs dansants sur laquelle repose le système de transmission des maîtres de ballets pour la danse théâtrale” (2). Le caractère autodidacte de l’apprentissage est une sorte de “ dérision et de provocation envers la culture savante de la danse”.

Carte postale d'une danseuse de French Cancan - 1906
Carte postale ancienne / French Cancan

Les premières danseuses de “French cancan” : de véritables vedettes

Progressivement, les Parisiens et les touristes étrangers se pressent pour venir admirer cette danse provocante. La danseuse, Célestin Magador la personnifie  au célèbre bal Mabille. Le “chahut” se répand dans plusieurs cabarets de la capitale sous la Monarchie de Juillet (1830 – 1848) et va connaître son heure de gloire sous le Second Empire (1852 – 1870) (3).
De nombreuses femmes vont s’imposer dans le paysage du “chahut-cancan” comme la danseuse Rigolboche, qui invente en 1857,  la série de battements qui consiste à lever et baisser la jambe. Quelques années plus tard, Jacques Offenbach compose le “Galop infernal qui deviendra l’hymne des danseuses de cancan. En 1864, Charles Morton importe cette danse engagée au Royaume-Uni sous le nom de “French Cancan”.
La danse se professionnalise et devient une opportunité de gagner une indépendance financière. Les danseuses gagnent désormais davantage que les hommes. Joseph Oller, l’un des cofondateurs du Moulin Rouge importe lui aussi le “French Cancan” pour en faire l’une des matrices de sa nouvelle salle de spectacle. Les danseuses vedettes portent alors des noms qualifiant une particularité physique ou une capacité technique : “ la Goulue fut d’abord surnommée « Vide-bouteilles », « Grille d’égout » devait ce surnom à ses dents du bonheur, « Nini Pattes-en-l’Air » à sa capacité à lever la jambe, sans oublier « Rayon d’or », « Cha.Hu.Ko »” (4). Ces surnoms contribuent à leur notoriété.

Codification du “French cancan”

Au début du XXe siècle, le “French Cancan” n’est plus l’apanage de quelques cabarets et music-halls célèbres, il devient un classique. “Ce que présente« le Moulin » s’apparente déjà à une attraction touristique qui symbolise Paris, et c’est précisément ce que viennent chercher les visiteurs de l’Exposition universelle” (5). Cette danse qui a forgé l’identité de quelques cabarets représente désormais Paris et la France au-delà des frontières.
De nombreuses danseuses du Cabaret de Licques ont une fascination pour cette danse endiabléequi enchante toujours autant les spectateurs.

3 danseuses et 2 danseurs de French Cancan sur scène
les danseuses du cabaret réalisent une cathédrale

Sources :

(1) Gasnault, F. (2018, 2 janvier). Nuits parisiennes : Chahut, cancan et galop infernal [Vidéo]. https://www.youtube.com/watch?v=YGeoPOjIEbA

(2) Camille Paillet, « La féminisation du chahut-cancan sous le Second Empire parisien », Recherches en danse [En ligne], 3 | 2015, mis en ligne le 19 janvier 2015, consulté le 21 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/danse/902  ; DOI : https://doi.org/10.4000/danse.902

(3) KALIFA Dominique, « Le Second Empire, une « Belle Époque » ? », Histoire, économie & société, 2017/3 (36e année), p. 61-71. DOI : 10.3917/hes.173.0061. URL : https://www.cairn.info/revue-histoire-economie-et-societe-2017-3-page-61.htm

(4) PERAULT Sylvie, « Ça c’est Paris ! Le Bal du Moulin Rouge et ses girls », Ethnologie française, 2012/3 (Vol. 42), p. 493-501. DOI : 10.3917/ethn.123.0493. URL : https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2012-3-page-493.htm

(5) Ibid

Guillaume Cocquerel

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