Chanteuse de cabaret au timbre chaleureux, Caroline Chezeau enflamme chaque soir la scène du Cabaret de Licques. Ses notes planent au-dessus des tables, caressent les volutes de lumière, et invitent nos hôtes à plonger dans la féerie de notre revue. Dès son entrée, le velours des rideaux cède la place à la magie ; le public retient son souffle, nous aussi.
Devenir chanteuse de cabaret ne répond à aucun chemin tout tracé. Caroline l’a prouvé en rejoignant notre revue avec audace. C’est par un message envoyé sur les réseaux sociaux qu’elle a attiré notre attention. Après quelques échanges, elle a assisté à une représentation, passé une audition… et enchanté la scène. Son histoire avec le Cabaret de Licques commençait.
Son engagement artistique ne date pourtant pas d’hier. Formée au Cours Florent à Paris, dans le prestigieux cursus « comédie musicale », elle y a développé pendant trois ans une triple compétence : chant, danse, jeu d’acteur. Diplômée, elle poursuit aujourd’hui un coaching vocal hebdomadaire avec Sofia Morgavi, professeure de la Star Academy. Une rigueur qu’elle considère essentielle pour maintenir la justesse, le souffle, la souplesse vocale, et la présence scénique.
Une routine millimétrée au service de la scène
Pour Caroline, l’exigence artistique commence dès le lever. Chaque matin, elle prépare son corps avec une tasse de thé vert et une séance de sport. Le travail vocal ne commence jamais sans un échauffement précis : yoga, pilates, étirements doux, puis l’exercice de la paille dans un verre d’eau, qu’elle affectionne particulièrement. “Faire des bulles, c’est cocasse, mais très efficace”, nous confie t-elle en souriant.
À son arrivée au cabaret, elle installe ses affaires dans sa loge, puis participe aux balances avec les techniciens pour régler les retours, la face, et les micros. Ces gestes, devenus rituels, garantissent une performance fluide et parfaitement maîtrisée. Pour Caroline, tout doit être prêt afin d’entrer pleinement dans l’univers du spectacle.
Chanter au cabaret : un art en interaction
Ce qui distingue le cabaret d’un concert classique, c’est cette interaction permanente avec le public. La voix de la chanteuse s’ajuste au moindre frémissement. Le spectacle devient alors vivant, organique, unique. “On entend tout ce qui se passe dans la salle, même les petits murmures”, raconte Caroline. Cette proximité permet aussi de jouer avec son interprétation et d’improviser selon les réactions. C’est un dialogue, un théâtre intime où le chant s’anime d’un supplément d’âme.
Chaque représentation alterne entre le spectaculaire et l’émotion. Un numéro de roller haletant peut précéder un piano-voix bouleversant. Ce rythme soutenu exige de la polyvalence. Caroline est à l’aise dans les tableaux dansés, glissant en talons sur le parquet comme une artiste complète, une interprète autant qu’une danseuse.
Influences et inspirations : entre comédie musicale et féminité assumée
Caroline puise son inspiration dans une palette large. Elle a grandi avec la variété française, puis s’est nourrie de pop internationale (Lady Gaga, Beyoncé), de musique folk (Rickie Lee Jones), et du répertoire de Broadway. Chicago, Les Demoiselles de Rochefort, l’univers de Michel Legrand l’accompagnent depuis toujours.
Elle admire les artistes pluridisciplinaires, à l’image de Sofia Essaïdi, qu’elle a vue sur scène à plusieurs reprises. Ce qu’elle aime : les femmes de scène, puissantes, expressives, capables d’incarner le chant, la danse, et l’émotion d’un seul geste. Des artistes « qui ont du chien », comme elle dit. L’univers du cabaret, vu au cinéma dans Cabaret ou Chicago, l’a toujours fascinée.
Moments suspendus et instants inoubliables
Parmi les moments qui marquent une carrière, Caroline évoque sa première au Cabaret de Licques, chargée de trac et de joie, mais aussi sa première interprétation de Mourir sur scène, un titre qui résonne avec une intensité particulière.
Elle confie aussi un souvenir inattendu : un soir, invitée par le Cabaret de Licques à assurer une première partie de Patrick Bruel, elle s’est retrouvée à chanter un duo improvisé avec l’artiste. Ce moment hors du temps, non prévu, restera gravé comme l’un des grands moments de son parcours.
Mais si elle devait choisir un moment préféré dans le spectacle, ce serait sans hésiter l’interprétation de Déshabillez-moi. Accompagnée de deux danseurs, portée par un costume travaillé, elle y déploie toute la puissance sensuelle et élégante du cabaret.
Chanteuse de cabaret, un métier en mutation, fidèle à ses racines
Aujourd’hui, le cabaret évolue. Les critères esthétiques changent, les répertoires s’élargissent. Caroline se réjouit de cette ouverture : la scène accueille désormais des physiques plus diversifiés, et l’on y entend des titres inattendus. Le cabaret moderne reste fidèle à ses origines, tout en se réinventant.
C’est cette double exigence qui fait la force du Cabaret de Licques : conjuguer tradition et modernité, exigence et accessibilité, poésie et énergie. Et c’est grâce à des artistes comme Caroline, chanteuse de cabaret incarnée et passionnée, que notre revue continue d’enchanter.